Marcher tout droit est un combat

Simon Grangeat/Corinne Méric
Création Bande d’Art et d’Urgence

 

 

Alors qu’elle vient d’atterrir à Porto Alegre pour commencer une mission humanitaire en forêt amazonienne, Lucia reçoit un appel téléphonique de la gendarmerie de Gaillac, en France, la sommant de rentrer au plus vite afin d’identifier son frère Sami, hospitalisé et inconscient.
Suspendue entre le Brésil et la France, entre les grandes causes et les « petits » combats locaux, Lucia va se découvrir en même temps qu’elle lève le voile sur les circonstances de l’accident de son frère.

 

NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
Au départ de MARCHER TOUT DROIT EST UN COMBAT, il y a la volonté de travailler autour de l’engagement, d’interroger l’inscription d’une action individuelle dans le monde : comment prendre part, prendre sa part, avoir prise ?
Au départ de l’écriture, il y a la ZAD de Sivens d’un côté – avec la mort de Rémi Fraisse – et les indiens Guaranis du Brésil – avec l’assassinat d’un de leur leader, Marcos Veron. Si ces deux événements sont présents dans l’écriture, le texte ne s’inscrit pas pour autant dans le courant documentaire. Les faits servent d’appui, de référents communs, mais Marcher tout droit est un combat est une fiction. Un questionnement sur notre manière d’habiter le monde.
Au départ de l’écriture aussi, il y a la fratrie – une sœur et un frère. L’un va se ranger derrière le tout petit, « l’insignifiant » local. Il est naturaliste, œuvrant à protéger les insectes et les fleurs de nos territoires. L’autre s’envole vers le lointain, les « causes » nobles. Elle est juriste tout juste embauchée par une ONG brésilienne de défense des peuples autochtones.
Leur point de rencontre se fait à l’endroit de la violence exercée contre eux. Violence milicienne ou violence policière. Comment le pouvoir en place s’arque-boute pour défendre coûte que coûte ses intérêts et ses capitaux. Comment, dans cette violence-là, se rejoue la tension entre une histoire individuelle et une volonté collective – un engagement vers.
Simon Grangeat

Mettre en scène l’invisible…
Dès la première lecture, j’ai reconnu ce qui, dans la commande d’écriture était pour moi essentiel: la présence en filigrane dans le texte de Simon d’une autre histoire plus souterraine qui reliait le frère et la soeur.
Par la mise en scène, je souhaite mettre en lumière cette part plus mystérieuse, en mettant sur le même plan le monde extérieur et le monde intérieur, pour créer un espace qui donne à voir les différentes réalités qui nous traversent.
Derrière le combat de la soeur pour connaitre la vérité sur son frère, et celui des indiens pour retrouver leur terre, se joue un autre combat, en creux, celui que le personnage de Lucia mène intimement pour (re)trouver sa place. Sur scène trois comédiens: la sœur, Lucia, reconstitue l’histoire ; le frère, Sami, présence énigmatique, prend en charge les pensées de Lucia et l’accompagne dans sa quête de vérité. Autour d’eux, un troisième personnage représente les différentes figures de la parole officielle qui croisent la route de la sœur.
Au centre, un îlot de terre représente à la fois la chambre d’hôpital, la chambre d’hôtel et la forêt, un voile suspendu sur lequel se projette le visage du frère dans le coma, visage qui se transforme et sur lequel s’inscrit peu à peu l’empreinte des différents combats menés, la force du lien fraternel et les réminiscences de l’enfance.
Les voix d’un choeur surgiront de la narration et feront entendre, les mouvements du monde, les respirations du passé.
L’espace visuel, l’espace sonore, la mise en scène, le jeu des comédiens s’entremêleront pour créer un objet théâtral qui saisisse le spectateur de façon intuitive et sensorielle et qui questionne notre rapport au monde et à la terre sur laquelle nous marchons. 
Corinne Méric

Conception et mise en scène Corinne Méric ; Ecriture Simon Grangeat
Avec Nadine Emin-Madrid, Stéphane Kordylas, Bernard Rozet.
Conception lumière et vidéo Erick Priano ; Univers sonore Eric Dutrievoz
Scénographie Stéphanie Mathieu ; Costumes Anne Dumont

Production BANDE D’ART ET D’URGENCE
Coproduction l’EPCC THÉÂTRE DE BOURG-EN BRESSE (01), scène conventionnée d’intérêt national création marionnette et cirque ; MAISON DU THÉÂTRE 01.
avec le soutien du CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AIN (dans le cadre de l’aide à la création artistique) ; de la Ville de FRANCHEVILLE (69) dans le cadre du Lab’Art ; Ain’cubateur saison 17/18 de l’EPCC Théâtre de Bourg-en-Bresse ; de la SPEDIDAM.